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Le livre du monde

3-livredumonde250pix.jpgLe projet de départ est modeste.

Octobre 1745 : quatre libraires parisiens s’associent pour éditer une traduction de la Cyclopaedia de Chambers, en 2 volumes et 30 planches, parue à Londres en 1728.

Le privilège royal obtenu, la direction est confiée à l’abbé Gua de Malves, bon physicien mais mauvais caractère. On recrute aussi un brillant mathématicien de 28 ans, Jean Le Rond d’Alembert, et un jeune homme de lettres qui vit, entre autres, de traductions : un certain Denis Diderot.

L’abbé ne tarde pas à se fâcher avec Le Breton, principal actionnaire de la Société : les deux jeunes hommes deviennent les animateurs de l’ouvrage. Et ils s’y attellent avec une telle ardeur que l’ampleur du projet ne cesse d’augmenter.

Fin 1750, un prospectus de souscription, annonce une « Encyclopédie, ou Dictionnaire universel des Sciences, Arts et Métiers... en dix volumes dont deux de planches, le tout à paraître avant fin 1754 : nul ne sait encore qu’à la fin de l’aventure, vingt ans plus tard, ces dimensions auront plus que doublé.

 

Le travail de documentation, de compilation et de rédaction sera immense. Mais le rôle des deux philosophes, que lie « une amitié tendre et solide », va bien au-delà. Il faut établir et entretenir les contacts avec les nombreux auteurs, leur fournir documentation et encouragements … Surtout, il faut dresser « un arbre généalogique de toutes les sciences et de tous les arts », selon les principes posés au XVIe siècle par le philosophe anglais Francis Bacon.

Cet arbre, qui figure en tête du premier volume paru en juin 1751, organise tous les savoirs autour du tronc commun de l’intelligence dans un rêve un peu fou d’exhaustivité : selon le prospectus, « cet ouvrage pourrait tenir lieu de bibliothèque dans tous les genres à un homme du monde ».

Pour plus de cohérence, l’Encyclopédie fonctionne selon un ordre double : alphabétique et thématique. Les différents articles « communiquent » entre eux par un système de renvois, ancêtres lointains des liens hypertexte. Il faut rendre compte de la multitude des savoir-faire, des artisanats, des métiers : à ceux-ci, l’Encyclopédie fera une place équivalente à celle des arts et sciences « nobles ».

Pour cela, il faut se rendre dans les ateliers, rencontrer les professionnels, choisis, selon le Prospectus, parmi « les plus habiles de Paris et du royaume », et les aider, eux qui ne sont pas hommes de lettres, à exprimer avec clarté leur savoir pratique.

Pour mieux donner à comprendre, l’Encyclopédie donne à voir : de deux volumes de planches prévus, on arrivera à huit. Une trentaine de dessinateurs et graveurs sont à l’œuvre pour créer ou réadapter les planches qu’ils contiennent. Machines, gestes, animaux, végétaux,… le visuel vient compléter le discours, usant de méthodes diversifiées : coupes, mesures, décomposition « photographique » des mouvements… Le résultat est une collection de 3000 gravures sur cuivre d’une qualité exceptionnelle.

 

Il s’agit d’englober le monde en un livre, rien de moins.